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17 mars 2022 4 17 /03 /mars /2022 11:43

Il s’était levé sans réveiller sa femme.

Autant la laisser dormir et rêver longtemps,

Autant la laisser glisser vers d’autres temps.

Il a pris ses clefs, son blouson, sa routine.

Les rues carillonnaient de bonjours en smartphones.

Les journaux bégayaient nos vies en vitrines.

Encore une fois la même journée d’automne,

Trop occupée pour savoir que le ciel est gris

Trop de cases à cocher, rien pour être surpris

 

La vie des kamikazes, c’est sans intérêt

À part leur mort, qui articulera leur nom ?

 

Après était déjà là, déjà maintenant

Avant de mourir en tuant, toujours priant

Pour s’abasourdir : à quoi pensent-ils quand

Ils vont salir le nom porté par leurs enfants ?

Un jour de contrôle, la vie ne fait pas de brouillons,

Khader et Djamila suaient sur les questions

Sous le regard des uns, les sourires des copains

Puis ce temps passé à s’hidjaber en sortant

 

Les états d’âme des kamikazes ? Foutaises !

À la place du cœur, un diktat pour prothèse…

 

Il s’était levé sans réveiller ses enfants

Autant les laisser dormir et rêver longtemps.

Aura-t-il une fière veuve de son Pur

Devra-t-elle remplacer sa porte par un mur ?

Noyer son chagrin dans l’alcool, ce serait trahir

En plus son chagrin, est soupçonné de mentir

Elle a rangé son visage loin des journaux

Discrète comme sa burqa, ses volets clos.

 

Survivre aux kamikazes, est-ce une vie ?

Dans leur monde, la mort seule fait envie

 

Leurs affiches montrent leurs visages souriants

Grappes de fruits jurés célestes, trop souvent

Ils marchent dans un paradis artificier

Leurs corps blessés, belle couronne de laurier,

De sang, forgent leurs médailles, mascarade

Dans leur rouge, leur vert, le soleil est fade

Un scrupule qu’une sourate dispersera.

Au pays clos des certitudes, c’est comme ça

 

Chez nous, dans la masse des journées en gravats

S’émiettent les enfants des morts pour Allah

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