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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 08:29

Qu’importe la nuit, qu’apporte la pluie,

Qu’on emporte la suie, les porcelaines.

Allez ! Libérez le marbre de ces biscuits.

Sur les carapaces vernies des tortues de mon muséum,

Je compte en braille les décalages horaires.

Le soir est un stylo qui fuit de pourpre et de noir.

 

Une cadence parfois chute avec des mots,

Des découpes de morceaux de radio,

La toccata du rasoir nettoyé sans peine,

Déjà engloutis dans le siphon du lavabo,

Déréglée.

 

Les « plus tard » cachent des pages vierges :

La bouche clinquante de l’émail lavé

Une fois perdue l’encre des plumes rincées

Le linge volète essoufflé d’une main au clou.

Voilà.

 

Rilke aurait fait danser tout ça d’un geste :

Ni au loin ni là-bas : ici, trousseau placé là

Il savait mesurer le pur instant,

Une goutte de pluie en guise d’étalon

Tout lui devenait tempo, perfusion des heures,

Sablier

 

L’encre ne coule plus. Les poupées méditent

L’aube tombe en javelle, dispersant les rêves.

Pauvre de tout ce qui refuse d’apaiser, lui :

Poète

Ni au loin ni là-bas : ici, un bloc posé là

 

Certains font passer les silences aux aveux

Dès le réveil, les horloges perlent du sang.

Sur une faïence blanche, quelques cheveux

Tombés

Tout a signé nos passages, mais où es-tu ?

Patience, mesure, nombres et un peu plus tard,

Rilke savait compter sur les flaques, têtu :

Poète

Ni au loin ni là-bas : ici, entier posé là

 

Les jours sont des gerbes de roses :

Serre leurs piquants à pleins bras : ils s’évadent !

Tantôt ces roses se vengeront de tes baisers

Volés,

Non par leurs épines, mais par leurs regards,

Lâchant leurs mots tranchants du bout des corolles.

Tavelée, la peau gagnera sur les cheveux

Oubliés,

Ni au loin ni là-bas : ici, bouquets posés là…

 

Sur la faïence blanche, parmi les pétales tombés,

Émaillant en rouge sang en goutte-à-goutte

Les indices du rasage, au petit jour se suivent.

Sablier

Tu peux sortir les flèches des horloges,

Ôter les épines des ronces. Où seras-tu,

Quand les bouquets seront fanés,

Exemple ?

Ni au loin ni là-bas : ici, massif posé là…

 

Un jour, je marcherai libre dans le temps,

En amont comme en aval,

Parfois je m’allongerai dans une brassée de secondes.

Mélangées

Mes nuits seront blondes, mes aurores brunes.

Dans l’évier rempli d’eau, des gerbes de fleurs,

Mes clepsydres, seront des mélodies.

Jetées.

Ni au loin ni là-bas : ici, gerbes posées là

 

Les décomptes, à force de louvoyer,

Mélangeront l’avant et l’après,

Les surprises et les patiences, jusqu’au pur instant

Chanté.

Un jour, le bois des trois fois rien en pétales

Sera sans échardes, en paupières, retenant

Pour moi les années, ou les minutes

Oubliées

Ni au loin ni là-bas : ici, bouquet placé là

 

L’épine des roses ne protège plus de rien

Sinon de cet instant s’écoulant sur l’évier

Carmin avec un reflet, un temps revenu

Saigné.

Aucune aiguille sur le cadran de la lune

Ou du soleil débusqué par le chant d’une pie

Miroirs, éclats, aube ? Fards où le matin perle,

Vaincus

Au loin comme là-bas : ici, broyés, dérangés, là.

Rilke est venu.

Nota

M. Charles Awaky, je ne n'ai pas reçu votre message. Essayez via Facebook, qui sait ?

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