« Dis-moi où ? »
Peut-être sous un drôle d’oiseau en craie
Ou bien plaqué sur la pente, peau de gel…
Près des villas des pachas de soixante-huit,
Quelque part par là-bas, dans le Luberon,
Elle est née « Provence », puis épousée,
Épuisée, enfin, ne sentant plus la province.
Hier, ici, elle étalait son hâle, puis indolente
Lentement pressée par son plaisir, Lorelei
Dans ses parfums à bon marché, glissait
Huilée, effrangée au bord de mer, ou du fleuve
« Dis-moi quand ? »
Tous les temps s’y chiffonnent, l’opéra crayonne
Présent ensuite passé emmêlent leurs cheveux
Les blonds éclairant les bruns, comme des promesses
En quadrille pour les gorges, sous les carrières,
Les heures au cadran solaire, plexus, vont
Brèves autant qu’une aile de vent pleine de geais
Longues peurs dans un cri de mèches blanches
Étendue au fil tant que dure le vent de sable
Brèves comme un éboulis surpris dans l’eau verte
L’homme peut s’y bâtir, quand il sera fondu en eux.
Dis-moi, pourquoi ?
Pour la fraîcheur des domaines colin-maillard et les haies
Pour que nul chemin n’aille directement montrer son jeu
Pour que l’ombre et ses embuscades mascaradent en chœur
Puis oubliées retrouvent droit de cité, sombres sous la ramée
Les murs regardent les aigues sèches, les ponts les graviers
Privées de mer et de lac, sans reflet, les pierres cirées gisent
En autant d’yeux de poupées mortes, éplorée sans la rosée
Si les prairies fouillées par le vent jouant seul au voleur
Dans les vagues blanchies, les moutons, en marées, montent
Ils font ronds dos de vaguelettes changeantes, en plein assaut
Châteaux de laine sous les châteaux jadis forts, frissons.
Encore aujourd’hui, les bois dorment sans princesse connue.
« Dis-moi, et encore ? »
Marchande plus, et tu entendras parfois, qu’en sais-je ?
Les fifres et les moteurs endormis, le bruit des arbres
Des ravines et des vignes, bories et caillasses
Répondent aux broussailles de la nuit, à l’ombre.
Et tu es grand, alors, réponds toi-même à l’écho.